Une bonne alimentation ne se limite pas à prévenir les carences et à éviter les effets indésirables possibles dus à des apports excessifs - une bonne nutrition favorise une bonne santé. Connaître la quantité nécessaire d’un nutriment, la façon dont ces besoins varient au sein et entre les différents groupes de personnes et les risques éventuels liés à la consommation excessive ou insuffisante sont des informations essentielles pour les programmes, les politiques, la planification, l’évaluation et les initiatives réglementaires en matière de nutrition. Aux États-Unis et au Canada, les estimations de ces niveaux d’apports sont établis comme Apports nutritionnels de référence (ANREF).
Le Food and Nutrition Board des National Academies of Sciences, Engineering, and Medicine publie des normes sur l’apport en nutriments depuis les années 1940. Les normes ont commencé comme une seule catégorie de niveaux d’apports estimés pour répondre aux besoins de la majorité des personnes en bonne santé selon l’âge et le sexe. Dans les années 1990, le paysage de la recherche en nutrition avait radicalement changé. Un nouveau paradigme pour établir les apports nutritionnels de référence était nécessaire. Les ANREF ont vu le jour. En s’appuyant sur les progrès des connaissances scientifiques et statistiques, les ANREF comportaient quatre catégories de valeurs d’apport de référence et visaient à aider les personnes à optimiser leur santé, à prévenir les maladies et à éviter la consommation excessive d'un nutriment.
Besoins moyens estimatifs (BME)
Niveau quotidien moyen d’apport en nutriments estimé de répondre aux besoins de la moitié des personnes en santé d’un groupe d’âge, et de sexe et à un stade précis de la vie
Apport nutritionnel recommandé (ANR)
Niveau quotidien moyen d’apport en nutriments suffisant pour répondre aux besoins de la majorité des personnes en bonne santé (97 à 98 %) dans un groupe d’âge, et de sexe et à un stade précis de la vie
Apport suffisant (AS)
Un apport (non un besoin) qui est susceptible de dépasser les besoins réels de la majorité des personnes d’un groupe d’âge, et de sexe et à un stade précis de la vie. Établi lorsque les preuves scientifiques ne sont pas suffisantes pour déterminer un ANR
Apport maximal tolérable (AMT)
Le niveau quotidien moyen d’apport en nutriments le plus élevée susceptible de ne présenter aucun risque d’effets nocifs pour la santé de la majorité des personnes d’un groupe d’âge, de sexe et à un stade précis de la vie
Bien que des données probantes sur la relation entre les apports en nutriments et le risque de maladie chronique aient été incluses dans les examens des ANREF pour divers nutriments, elles étaient souvent difficiles à utiliser. Voici quelques-uns des défis à relever:
Pour surmonter ces limites, une nouvelle approche a été développée pour l'utilisation de ce type de données probantes dans le processus des ANREF. La preuve peut maintenant être utilisée pour établir une nouvelle catégorie d'ANREF appelée l’apport lié à un Risque réduit de maladies chroniques (RRMC).
Le sodium et le potassium sont les deux premiers nutriments examinés dans le cadre du modèle des ANREF élargi. Cet examen de 2019 a mis à jour les valeurs des ANREF en sodium et en potassium publiées en 2005 sous le modèle original. Bien que chaque nutriment présente des caractéristiques uniques, les changements reflétés dans les valeurs actualisées des ANREF en sodium et en potassium sont là d'excellents exemples de l’évolution du modèle des ANREF.
Il n’y a pas encore suffisamment de données probantes pour déterminer quand les besoins en sodium sont satisfaits à l’aide des critères du modèle des ANREF. Il faut plus de données probantes sur les besoins en sodium des personne en bonne santé. Les valeurs mises à jour demeurent les AS. Un niveau d'apport suffisant est considéré être adéquat pour la majorité des personnes, mais son lien exact avec les besoins réels est inconnu.
Dans le modèle des ANREF élargi, il est recommandé que les AMT soient fondés sur les effets indésirables des apports excessifs qui ne sont pas liés au risque de maladie chronique, car ces types de relations doivent être saisis dans la nouvelle catégorie d’ANREF, l’apport lié à un RRMC. Bien que certaines études aient fait état de symptômes liés à une maladie non chronique avec une consommation de sodium plus élevée ou plus concentrée, les données probantes étaient trop limitées pour établir un AMT pour le sodium fondée sur ce type d’effet nocif.
Dans l’ensemble des études scientifiques, il y avait des preuves modérées selon lesquelles la diminution de l’apport en sodium réduit le risque de maladie cardiovasculaire et d’hypertension et une preuve évidente qu’elle réduit la tension artérielle. Le niveau d'apport en sodium lié à un RRMC chez les adultes a été établi comme la plus faible consommation de sodium pour laquelle il y avait des preuves modérées de réduction du risque de maladie chronique.
Il n’y a pas encore suffisamment de données probantes pour déterminer quand les besoins en potassium sont satisfaits à l’aide des critères du modèle des ANREF. Il faut plus de données probantes sur les besoins en potassium des personne en bonne santé.
Il est important d’avoir un point de référence pour la planification et l’évaluation des régimes alimentaires, même s’il n’est pas encore possible d’estimer les besoins en potassium. Les valeurs mises à jour demeurent les AS, bien qu’il soit fondé sur un ensemble de preuves différent de celui des AS en potassium établis en 2005. Un niveau d'apport suffisant est considéré être adéquat pour la majorité des personnes, mais son lien exact avec les besoins réels est inconnu.
Des preuves ont été examinées pour trouver une mesure, un marqueur ou un résultat qui reflétait les effets indésirables du potassium ou sa toxicité, autres que des maladies chroniques, afin d’établir un AMT. Aucun indicateur de ce genre n’a pu être identifié. Comme ce fut le cas dans le rapport de 2005, un AMT en potassium n'a toujours pas été établi. L’absence d'un AMT en potassium ne signifie pas qu’il n’y a pas de risque d’apport excessif. Une mise en garde contre une consommation élevée de suppléments de potassium est justifiée pour certains groupes de population, en particulier ceux qui présentent un risque élevé d’altération de la fonction rénale.
Il y a des données scientifiques que la supplémentation en potassium réduit la tension artérielle, surtout chez les adultes qui souffrent d’hypertension. Toutefois, dans l’ensemble des études, une consommation plus élevée en potassium n’a pas entraîné une réduction plus importante de la tension artérielle, c’est-à-dire qu’il n’a pas été possible d’établir une relation entre l’apport et la réponse. Les données établissant un lien entre l'apport en potassium et le risque de maladies chroniques, comme les maladies cardiovasculaires, étaient également limitées. Les données scientifiques ne sont pas encore suffisantes pour pouvoir établir un apport en potassium lié à un RRMC. Cela ne signifie pas que l’augmentation de l’apport en potassium ne réduit pas le risque de maladie chronique. Il faut plutôt obtenir davantage de données probantes pour pouvoir caractériser l’évolution du risque de maladie chronique sur les intervalles d’apports en potassium.