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Suggested Citation:"2 Tendances generales de la fecondite." National Academies of Sciences, Engineering, and Medicine. 2016. Tendances Récentes de la Fécondité en Afrique Subsaharienne: Synthèse de l'Atelier. Washington, DC: The National Academies Press. doi: 10.17226/23610.
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Tendances générales de la fécondité

L'atelier a commencé par un examen des tendances de la fécondité dans la région subsaharienne et leurs conséquences. Les présentations ont souligné le caractère unique des transitions de fécondité en Afrique, la variabilité des tendances entre les pays de la région, ainsi que les conséquences possibles de ces tendances pour la région.

LE CARACTÈRE UNIQUE DE LA TRANSITION DE FÉCONDITÉ EN AFRIQUE

John Bongaarts, du Conseil de la population et Ann Biddlecom, de la Division de la population des Nations Unies, ont examiné les facteurs qui confèrent un caractère unique aux transitions de fécondité dans les pays africains. John Bongaarts a situé le contexte permettant de comprendre comment les taux de fécondité en Afrique ont suivi des modèles différents de ceux observés dans d'autres pays. Ann Biddlecom a apporté un éclairage complémentaire sur ces tendances en examinant les différences entre les pays subsahariens et en envisageant des scénarios possibles pour le futur.

John Bongaarts a commencé en notant que les taux de fécondité aux États-Unis et dans de nombreux pays européens ont sensiblement diminué au dix-neuvième siècle et au début du vingtième siècle, passant de huit naissances par femme à moins de deux dans certains cas. Cette tendance a été un facteur important de la croissance économique de ces pays et cette série de changements a été appelée « transition de fécondité » (Guinanne,

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2011). Pour les pays en développement de l'Asie et de l'Amérique latine, a noté John Bongaarts, cette transition a commencé plus tard, au milieu des années 1970. En Afrique subsaharienne, elle n'a commencé que dans les années 1990 et s'est déroulée plus lentement que dans d'autres pays en développement. John Bongaarts a observé qu'actuellement, l'indice synthétique de fécondité dépasse légèrement cinq naissances par femme dans la région Afrique, contre moins de trois naissances ailleurs.

John Bongaarts a utilisé quatre indicateurs de développement pour mieux illustrer les tendances de la fécondité en Afrique subsaharienne entre 1970 et 2010 : le produit intérieur brut (PIB) par habitant, le pourcentage de la population ayant terminé au minimum l’école primaire, l’espérance de vie à la naissance et le pourcentage de la population vivant en milieu urbain. Comme le montrent les graphiques de la figure 2-1,

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FIGURE 2-1 Comparaison entre les pays africains et d'autres pays en développement autour de quatre variables.
NOTES : PPP désigne la conversion des PIB pour indiquer les taux de parité du pouvoir d'achat. LDC désigne les pays les moins développés. Les cercles indiquent la chronologie du début de la transition de fécondité.
SOURCE : Bongaarts (2015).
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le développement s'est produit dans toutes les régions, mais les pays africains étaient à des niveaux inférieurs à ceux des autres pays pour chacune de ces variables au moment où ils ont entrepris leur transition. Aujourd'hui, ils sont à des niveaux sensiblement inférieurs.

John Bongaarts a également noté que dans les pays subsahariens, le rythme de la transition a été plus lent que dans d'autres pays en développement, à l’instar du rythme des progrès dans chacune des quatre autres variables.

Le niveau comparativement élevé de la fécondité à un niveau donné de développement dans les pays africains a été appelé l'« Effet Afrique », a précisé John Bongaarts, alors que les chercheurs cherchaient à expliquer la différence de l’évolution de la fécondité entre les régions suite au développement1. Il a souligné la pertinence globale de l'Effet Afrique en matière de fécondité, car la transition de fécondité dans la région s'est produite ultérieurement (bien que de manière précoce par rapport à d'autres développements économiques dans la région) et à un rythme lent. Il a également indiqué que ceci s'explique partiellement par la relative lenteur du développement dans cette région lorsqu’on le compare à celui d'autres régions au début de leur transition. Il a ajouté que les caractéristiques de cette région pouvaient contribuer à expliquer les différences, ainsi que l'ont suggéré les théories de « l'exceptionnalisme africain ».

Selon lui, le développement socioéconomique augmente le coût d'avoir des enfants, en réduit les avantages et entraîne une baisse de la mortalité, en particulier chez les enfants. Ces changements, à leur tour, incitent souvent les parents à désirer des familles de plus petite taille. Dans de nombreux pays africains, les traditions tant économiques que culturelles favorisaient fortement les familles nombreuses. Là où les programmes de planification familiale ont été faibles ou non existants, il n'y a eu que peu d’incitation à recourir davantage à la contraception. John Bongaarts a toutefois précisé que ces facteurs varient au sein de la région et que dans plusieurs pays, les investissements dans la planification familiale ont porté des fruits. Il a également fait valoir qu'une étude approfondie de l'histoire du colonialisme et d’autres évènements historiques était nécessaire pour rendre pleinement compte de l'Effet Afrique.

Ann Biddlecom a observé que les tendances varient d'un bout à l'autre du continent africain. Les transitions de fécondité se sont produites à diverses périodes à l’échelle de la région. Les taux de fécondité totale au début des transitions et le rythme auquel celles-ci ont progressé varient également. Elle a précisé que, même pour les sous-régions, les données

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1 Voir le site http://news.harvard.edu/gazette/story/2007/06/researchers-analyze-%E2%80%98africa-effect%E2%80%99-the-slow-growth-of-some-economies/ [juillet 2015] pour une discussion générale sur l'Effet Afrique.

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FIGURE 2-2 Diversité de la fécondité totale dans les pays africains, de 2005 à 2010.
SOURCE : Biddlecom (2015).
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FIGURE 2-3 Neuf modèles distincts de baisse de la fécondité.
SOURCE : Biddlecom (2015).
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FIGURE 2-4 Fourchette des projections de baisse de la fécondité pour l'Éthiopie.
SOURCE : Biddlecom (2015).

calculées pouvaient masquer des différences significatives d'un pays à l'autre. La figure 2-2 illustre la diversité des taux de fécondité entre les pays africains, un code couleur indiquant la fourchette des taux.

Ann Biddlecom et ses collègues ont analysé les données détaillées au niveau des sous-régions et des pays individuels à la recherche de modèles. Leur analyse a porté sur 130 pays sur une période temporelle d'environ 60 ans. Ils ont recensé neuf groupes distincts de pays ayant suivi des trajectoires similaires dans leur baisse de la fécondité et ayant fini par se stabiliser à un niveau égal ou inférieur à trois naissances par femme. Ces trajectoires sont illustrées par des graphiques à la figure 2-3.

À partir de ces neuf groupes, a expliqué Ann Biddlecom, il a été possible d'élaborer une fourchette de projections des taux de fécondité pour chaque pays. Citons, par exemple, le cas de l'Éthiopie représenté à la figure 2-4. Les projections par pays ont à leur tour permis à Ann Biddlecom et à ses collègues d'élaborer une fourchette de projections démographiques, également fondées sur des scénarios possibles pour les régions de l'Afrique. Cette fourchette est indiquée à la figure 2-5.

Ann Biddlecom a conclu en observant que l'Afrique subsaharienne connaît une « période d'incertitude » parce que la fécondité totale est élevée dans toute la région en dépit de la diversité considérable en son

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FIGURE 2-5 Fourchette des projections démographiques pour l'Afrique subsaharienne.
SOURCE : Biddlecom (2015).

sein. De nouvelles données dont la parution est attendue après l'atelier permettraient de mettre à jour les scénarios qu'elle a présentés et de faire ressortir une évolution des modèles. Ann Biddlecom a noté que la modélisation ne tient pas compte de déterminants socioéconomiques susceptibles d’influencer l’évolution des taux de fécondité, et qu'il est important de ne pas perdre de vue l’incidence possible des choix politiques sur les résultats. En outre, la collecte des données dans de nombreux pays africains est problématique, ce qui limite la valeur des données qui fondent les modèles.

CONSÉQUENCES DES TENDANCES DE LA FÉCONDITÉ

Le débat s'est ensuite orienté sur l’influence possible des tendances de la fécondité et des tendances démographiques sur le développement économique en Afrique subsaharienne. John Cleland, de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, et David Lam, du Population Studies Center de l'Université du Michigan, ont examiné les défis auxquels les pays subsahariens devront faire face dans les prochaines décennies, ainsi que la possibilité que les changements démographiques ouvrent égale-

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ment des perspectives. David Canning, de la Harvard School of Public Health a décrit une approche visant à modéliser les effets économiques potentiels de la réduction de la taille des familles.

Défis à relever et opportunités

John Cleland a commencé en citant une remarque de François Bourguignon, ancien économiste en chef à la Banque mondiale, selon lequel « nous ne savons pas véritablement ce qui est à origine de la croissance économique ». Il a ainsi voulu souligner qu'il entendait non pas faire des prédictions sur ce qui se produira, mais plutôt définir un ensemble de défis que les pays d'Afrique subsaharienne devront relever pour connaître une croissance économique rapide.

Il a tout d'abord mis en garde contre un optimisme excessif à propos du dividende démographique. Ce sont les avantages économiques qui peuvent survenir après une transition de fécondité lorsque, dans un pays, le taux de fécondité baisse et que le pourcentage de la population active dépasse le pourcentage de la population non active dépendante (un phénomène souvent appelé « changement de la structure par âge »). Lorsque cette évolution coïncide avec d'autres conditions favorables, telles que l'accès généralisé à l'emploi, à l'éducation et à une alimentation et à des soins médicaux adéquats, un pays peut réaliser en matière de productivité d'importants gains résultant d'un tel changement de la structure par âge. De nombreux pays asiatiques, en particulier, sont parvenus à réunir cet ensemble de conditions et à réaliser ainsi des gains économiques substantiels.

En revanche, dans les pays subsahariens, a expliqué John Cleland, les projections démographiques indiquent que toutes les tranches d'âge seront probablement touchées par la croissance. Aussi, pour nombre de ces pays, les changements de la structure par âge seront vraisemblablement mineurs. Les projections indiquent également que la croissance en milieu urbain sera considérablement plus importante qu’en milieu rural. En conséquence, non seulement l'évolution démographique risque d’être modérée, mais il est également probable que la frontière entre les travailleurs et les personnes à charge devienne de plus en plus floue, au fur et à mesure qu'augmentent les niveaux d'instruction et d'urbanisation. Le pourcentage des jeunes âgés de 15 à 19 ans qui travaillent diminuera probablement, ce qui aura par exemple pour conséquence d'atténuer certains des avantages résultant des changements dans les rapports de dépendance.

Enfin, a ajouté John Cleland, le facteur de la reproduction est bien moins susceptible d'influer sur le salariat dans les pays africains qu'ailleurs, parce que l'emploi des femmes y est souvent plus compatible avec

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FIGURE 2-6 Rapport total de dépendance projeté pour l'Afrique et d'autres régions, 1950-2050.
SOURCE : Nations Unies (2014).

l'éducation des enfants, et c'est pourquoi une baisse du taux de reproduction entraînera moins d'avantages dans cette région. La figure 2-6 indique que la baisse projetée du rapport de dépendance en Afrique est très lente et modeste par rapport à d'autres régions ayant bénéficié du dividende démographique2.

Un autre défi attend les pays de l'Afrique subsaharienne, a expliqué John Cleland : la population d’âge scolaire dans la région connait une croissance rapide, augmentant de près de neuf millions d'enfants par an. Pour atteindre l'objectif de scolarisation primaire universelle, la région devra accroître son effectif enseignant, lequel devra passer de 3,2 millions en

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2 Au sens large du terme, le rapport de dépendance est le rapport établi entre, d'une part, le nombre d’enfants (0 à 14 ans) et de personnes âgées (65 ans ou plus), et d'autre part la population d'âge actif (15 à 64 ans).

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2011 à 5,3 millions d'ici 2030. L’effectif du secondaire devra lui aussi passer de 1 à 3,5 millions. John Cleland a suggéré que les pénuries chroniques de personnel enseignant vont probablement persister pendant des dizaines d'années dans les pays où les résultats scolaires sont déjà faibles. Dans ces circonstances, il pourra s'avérer difficile de fournir ou de maintenir des opportunités éducatives de haute qualité. Il a également évoqué la probabilité de pénuries similaires au sein du personnel médical. Seuls quatre des douze pays de la région sont en voie d'accroître leurs effectifs de médecins, d'infirmiers et infirmières et de sages-femmes, et même dans ces pays, les prévisions sont inférieures à la croissance démographique projetée.

L'urbanisation rapide de la région est en train de se produire, sans l'industrialisation qui a accompagné ce phénomène dans de nombreuses autres régions en développement, a fait remarquer John Cleland. Alors qu’elle double tous les 20 ans, 62 pour cent de la population urbaine vit dans des taudis, contre 35 pour cent dans les pays asiatiques. Rares sont les pays de la région à avoir mis en place des programmes d’envergure destinés à fournir des habitations à prix modéré. En revanche, beaucoup ont des dispositifs ambigus en matière de propriété des terrains urbains et des structures fragiles de gouvernance municipale. Selon John Cleland, la pression démographique sur les infrastructures de logement sera probablement constante, un phénomène qui pourrait augmenter la population des bidonvilles, aggraver l'insécurité du logement, accroître la violence et menacer la cohésion sociale.

John Cleland a expliqué que l'Afrique subsaharienne est également la région du monde où la prévalence de la sous-alimentation est la plus élevée : 32,7 pour cent de la population était touchée par la sous-alimentation de 2011 à 2013. Pour répondre aux besoins de sa population croissante, la région devra multiplier par deux la disponibilité alimentaire au cours des 35 prochaines années.

Selon John Cleland, cette augmentation sera difficile. Alors que l'agriculture représente 64 pourcent de l'emploi dans la région, 80 pour cent des exploitations font moins de 2 hectares et les droits de propriété sont souvent aléatoires. Les rendements agricoles sont en berne. 95 pour cent des récoltes sont dépendantes de la pluie, et non de l'irrigation. 70 pour cent des terres cultivables sont dégradées, et la région importe actuellement 31 pour cent de ses céréales, pour un coût de 30 à 50 milliards de dollars chaque année. John Cleland a noté la possibilité d'atténuer certains de ces problèmes, mais il a ajouté que de nombreux pays avaient atteint les limites de leur capacité. Il a expliqué que le rapport entre population agricole et terres arables allait probablement augmenter, ce qui à son tour entraînera une surexploitation des terres fragiles et une continuation de la dégradation des sols. Au fur et à mesure que la taille des exploitations diminuera, les possibilités d'innovation et de production de surplus diminueront. L'insécurité des droits

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FIGURE 2-7 Augmentations projetées du pourcentage de la population pour les pays de l'Afrique subsaharienne, de 2015 à 2050.
SOURCE : Nations Unies (2014).

fonciers de nombreux exploitants sur leurs terres constitue pour eux un facteur supplémentaire les dissuadant d'investir dans des améliorations à long terme. Toutefois, la plus grave menace provient du caractère irrégulier de la pluviosité et de la hausse des températures qui se manifestent déjà sous l’effet du changement climatique planétaire.

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Un autre problème sur lequel John Cleland a attiré l'attention est que, parallèlement à l'augmentation de la main-d'œuvre dans la région, qui devrait être de 32 millions annuellement, la pression sur l'emploi s'intensifiera. Il a indiqué que, selon les projections, au cours des dix prochaines années, seul un quart des jeunes gens parviendront à obtenir un emploi salarié ; les trois-quarts restants devront trouver un emploi dans l'économie informelle. Il est possible que les pays africains développent des activités dans l'industrie légère et commencent à récolter certains des fruits de la mondialisation de l'économie. Malheureusement, toutefois, a noté John Cleland, la main-d’œuvre des pays asiatiques avec lesquels les pays africains seraient en concurrence devrait également continuer à s'accroître. Selon lui, sans augmentation des emplois dans le secteur manufacturier à l'échelle mondiale, l'accroissement de la main-d’œuvre dans les pays africains ne constitue pas un avantage significatif dans ce domaine.

John Cleland a noté la variabilité importante des projections de croissance dans les pays de la région, comme l'illustre la figure 2-7, et conclu qu'il était probable que les tendances socioéconomiques continuent de varier dans ces pays. Il a suggéré que certains pourraient atteindre les limites malthusiennes, c’est-à-dire lorsque la croissance démographique dépasse les capacités d'un pays à nourrir, à loger et à employer sa population. Certains resteront ou deviendront des États défaillants. De tels développements pourraient donner lieu à des migrations de très grande envergure dans l'ensemble du continent, motivées par la quête d'un refuge ou de perspectives économiques. John Cleland s'est demandé si cela pourrait se produire sans provoquer d'importants troubles sociaux.

Une autre perception des défis et opportunités

David Lam, du Population Studies Center de l'Université du Michigan, a convenu avec John Cleland que la croissance démographique prévue dans la région, en particulier celle des jeunes, entraînera à la fois des défis et des opportunités. Il est prévu que la croissance démographique en Afrique subsaharienne reste supérieure aux taux observés dans d'autres régions, a expliqué David Lam ; voir la figure 2-8 à ce sujet. L'indice synthétique de fécondité, qui est actuellement de 4,8 naissances par femme, devrait baisser pour s'établir à 3 naissances par femme d'ici 2050. Toutefois, il sera plus élevé que dans les autres régions : d’ici cette date, les taux observés en Asie du Sud, de l'Est et du Sud-Est ainsi qu'en Amérique latine devraient s'établir ou rester à un taux inférieur à 2 naissances par femme. En conséquence, la proportion de la population âgée de moins de 14 ans restera la plus élevée de l'Afrique subsaharienne. Quant aux travailleurs plus âgés, leur pourcentage devrait également rester élevé, selon David Lam. La figure 2-9 indique le pourcentage de la population d'âge actif (de 15 à 64 ans) qui avait moins de 24 ans en 1975 et en 2015, dans 18 pays.

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FIGURE 2-8 Taux annuels de la croissance démographique, réels et projetés, 1950-2050.
SOURCE : Nations Unies (2014).

D’après David Lam, le rapport de dépendance (0,85) en Afrique subsaharienne est élevé, comparativement au reste du monde (0,52), à l'Amérique latine (0,51) et à l'Asie (0,47). Ce rapport de dépendance est toutefois en hausse à l'échelle mondiale : le nombre de personnes âgées va quasiment doubler d'ici 2050, ce qui compensera la baisse du pourcentage d'enfants chez les populations où les taux de fécondité sont faibles. L'Afrique subsaharienne est la seule région dans laquelle le rapport de dépendance devrait diminuer durant cette période. D'ici 2050, il sera inférieur à ceux de l'Europe et de l'Amérique du Nord, et à peine supérieur à celui de l'Amérique latine.

David Lam a ajouté que la population d'âge actif en Afrique subsaharienne devrait connaître un accroissement net de 14 millions en 2015 et des accroissements de 20 et 26 millions, respectivement, d'ici 2030 et 2050. Dans certaines régions, en particulier les moins développées sur le plan économique, a expliqué David Lam, l'explosion démographique des jeunes s’est traduite par un taux de chômage élevé et des troubles sociaux. Pour David Lam, le défi primordial posé par la croissance démographique dans la région subsaharienne est que cette région devra dégager

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FIGURE 2-9 Pourcentages des populations d'âge actif (de 15 à 64 ans) dans 18 pays, de 24 ans ou moins, en 1975 et 2015.
SOURCE : Lam (2015).

1,1 million d'emplois supplémentaires chaque mois afin de maintenir des taux d'emploi constants. Si les projections actuelles se vérifient, alors une telle croissance sera encore plus nécessaire à l'avenir : elle devra être de 1,6 million d'emplois par mois d'ici 2030 et de plus de 2 millions d'ici 2050. Cependant, étant donné que le taux de croissance de la population d'âge actif restera élevé, les rapports de dépendance diminueront, même sans baisse plus rapide de la fécondité. Globalement, David Lam et ses collègues ont conclu que les évolutions démographiques sont susceptibles d'avoir des effets mixtes sur le développement économique et qu'il est probable que d'autres déterminants influeront davantage sur les résultats.

Modélisation des effets du changement démographique sur la croissance économique

David Canning a présenté un modèle de simulation de l'effet possible de la réduction de la taille des familles sur la croissance économique dans la région, notant que les approches visant à comprendre le rôle de la baisse de la fécondité dans l'accélération du développement économique ont évolué. À son avis, il existe peu d’éléments appuyant l’idée ancienne selon laquelle la croissance démographique ralentirait la croissance économique. L’idée plus récente selon laquelle la baisse de la fécondité apporte un dividende démographique en raison de changements de la structure

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d'âge, d'un accroissement de la main-d’œuvre féminine et d’une nouvelle vision de l'investissement dans les enfants, peut être évaluée empiriquement de plusieurs façons.

L'une des approches macroéconomiques consiste à utiliser les régressions de la croissance pour projeter un revenu par habitant à partir de structures d'âge évolutives. Cette approche, a-t-il expliqué, permet de distinguer les effets de la fécondité de ceux de la mortalité ou de l'espérance de vie. Toutefois, comme les échantillons semblent être de taille restreinte pour ce type d'analyse, a ajouté David Canning, il est difficile d'établir une causalité à partir de cette analyse. Il a expliqué que l'application de l'analyse de régression au niveau micro, à l'aide de données sur les ménages, peut aider à identifier les effets des changements démographiques sur les enfants et les familles, mais qu'elle pouvait ne pas déceler les influences au niveau macro, telles que les effets de l'éducation publique sur le rapport capital/travail.

Une troisième approche consiste à élaborer une simulation de l'économie au niveau macro en vue d'étudier les effets des changements de politiques. Cette approche, a expliqué David Canning, permet de déterminer des liens de causalité et d'intégrer les résultats des études de niveau micro aux paramètres de développement. Cependant, la complexité de cette approche peut rendre les résultats difficiles à interpréter et nécessiter des calculs intensifs. David Canning et ses collègues ont utilisé cette approche pour comparer un scénario de fécondité de référence à un scénario dans lequel des politiques de planification familiale sont mises en place dans le but de faire baisser le taux de fécondité. Le modèle de base est représenté à la figure 2-10.

David Canning et ses collègues ont adapté le modèle présenté initialement par Ashraf, Weil, et Wilde (2011) en incluant cinq facteurs supplémentaires : le taux d'épargne endogène, la santé de l'enfant, les effets de l'industrie manufacturière et de l'agriculture, les distorsions salariales, ainsi que les effets de l'éducation des femmes sur la fécondité. Ils ont appliqué le modèle au cas du Nigeria à l'aide de données provenant de diverses sources et portant sur des facteurs tels que les ressources foncières et naturelles, les caractéristiques de la population, la participation de la main-d’œuvre et le type de main-d’œuvre par secteur d'activité, l'éducation et la taille, les taux de fécondité par tranche d'âge et l'épargne. Ils ont étudié trois scénarios : les baisses de la fécondité se traduisant par des projections de niveaux de fécondité faibles (1,7 enfant par femme), moyens (2,2) et élevés (2,7) d'ici 2100. Les effets possibles sur la population et le revenu par habitant sont spectaculaires, avec une différence d’environ 600 millions d'habitants dans la population nigériane en 2100 entre le scénario du niveau le plus élevé et celui du niveau le plus faible. La différence projetée dans le revenu par habitant atteint plus de 10 000 USD pour cette période.

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FIGURE 2-10 Modèle de simulation pour évaluer les scénarios de réduction de la fécondité.
NOTE : LFP = participation de la main-d’œuvre.
SOURCE : Canning (2015).

David Canning et ses collègues espèrent affiner davantage le modèle, mais concluent qu'il met en relief les effets potentiellement importants des taux de fécondité sur les résultats économiques, soit plus du double des effets indiqués dans les analyses précédentes.

DÉBAT

Les participants à l'atelier ont examiné divers commentaires et questions à propos des présentations de la première séance. Jacob Adetunji, de l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et Jean-François Kobiané, de l'Université de Ouagadougou, ont offert leurs commentaires.

En ce qui concerne la session sur les tendances des taux de fécondité, de nombreux participants ont accordé une attention particulière à l'Effet Afrique. Un participant a noté la nécessité d'étudier plus en détail les raisons pour lesquelles de nombreux pays africains ont des taux de fécondité aussi élevés, par rapport à d'autres régions. Un autre a souhaité plus d’avis d’expert sur les variations observées entre les pays de la région, peut-être au moyen d'un modèle tenant compte des choix de politiques publiques faits par chaque pays. Les présentateurs ont également noté que le recueil des données au niveau national et infranational s'avère difficile. Cependant, à mesure que des données améliorées deviennent accessibles, celles-ci constitueront de précieuses ressources à utiliser.

Jacob Adetunji a observé que le tableau des tendances de la baisse de la fécondité et de la croissance de la population devrait rappeler au groupe que la question de savoir si l'Afrique a une population trop importante est de portée trop générale, parce que « cela dépend des régions que

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vous étudiez » La croissance démographique est très différente d'un pays à l'autre, a-t-il ajouté, mais il est néanmoins exact que les conséquences des projections démographiques pour la région sont « considérables ». Il a précisé que les programmes de planification familiale ont un effet, comme cela est démontré au Rwanda, au Malawi et en Éthiopie. Aussi, a-t-il conclu : « Nous avons une idée de ce qui peut être fait pour aider l'Afrique à gérer sa croissance démographique ».

Concernant la session sur les conséquences des tendances de la fécondité, les présentateurs ont ajouté divers points à la discussion. L'un d'entre eux a noté que la région subsaharienne a enregistré de solides performances dans les secteurs des services et des télécommunications au cours des 15 dernières années, et a suggéré qu'il n'était peut-être pas nécessaire pour la région de connaître une forte croissance du secteur manufacturier pour prospérer plus généralement. John Cleland a reconnu que de nombreux pays ont en effet enregistré une telle croissance, mais il a noté que dans la plupart des cas, elle est la résultante de changements dans la gouvernance destinés à améliorer le bien-être de la population—une autre raison pour laquelle il serait judicieux de mettre l'accent sur les variations entre les pays.

Un autre participant a noté que la région pourrait être en mesure de gérer les taux élevés de migration anticipés par John Cleland plus facilement que celui-ci ne le pense. En effet, il existe déjà une forte migration interne et les structures de prise en charge ont évolué. Plusieurs participants ont convenu que les limitations des données signifient que les prévisions, même si elles sont utiles, peuvent induire en erreur. Les participants ont établi des facteurs importants qui n'ont pas été pris en compte dans les modèles, en particulier les développements à caractère politique et d'une autre nature, par exemple les changements dans la participation de la main-d’œuvre féminine. Ce sont autant de facteurs qui pourraient sensiblement modifier les trajectoires des pays. L'un des participants a suggéré que les pays latino-américains présentent davantage de similarités avec la région africaine que les pays de l'Asie du Sud-Est, et qu'en conséquence ils se prêtent à des comparaisons plus utiles. Finalement, quelques participants ont souligné l'importance des problèmes d'équité. L'un d'entre eux a observé que « même si le PIB est multiplié par deux, si la richesse est concentrée entre quelques mains, cela ne changera rien du tout ».

Jean-François Kobiané a noté que même si les trois débats sur les conséquences possibles des tendances de la fécondité ont donné lieu à différents points de vue, ils ont clairement établi que les effets de la baisse de la fécondité ne sont pas systématiques. Il a observé que ces débats ont bien montré que la manière dont la fécondité influence d'autres enjeux du développement tels que l'éducation, la gouvernance et le leadership, aura des retombées dans chaque pays sur les résultats de la croissance démographique et du développement économique. Il a approuvé les commentaires antérieurs selon lesquels il était nécessaire d'accorder une plus grande attention au recueil de données comparables dans l'ensemble de la région.

Suggested Citation:"2 Tendances generales de la fecondite." National Academies of Sciences, Engineering, and Medicine. 2016. Tendances Récentes de la Fécondité en Afrique Subsaharienne: Synthèse de l'Atelier. Washington, DC: The National Academies Press. doi: 10.17226/23610.
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Note: This is the French translation of Recent Fertility Trends in Sub-Saharan Africa.

Fertility rates and population growth influence economic development. The marked declines in fertility seen in some developing nations have been accompanied by slowing population growth, which in turn provided a window of opportunity for rapid economic growth. For many sub-Saharan African nations, this window has not yet opened because fertility rates have not declined as rapidly there as elsewhere.

Fertility rates in many sub-Saharan African countries are high: the total rate for the region is estimated to be 5.1 births per woman, and rates that had begun to decline in many countries in the region have stalled. High rates of fertility in these countries are likely to contribute to continued rapid population growth: the United Nations projects that the region's population will increase by 1.2 billion by 2050, the highest growth among the regions for which there are projections.

In June 2015, the Committee on Population organized a workshop to explore fertility trends and the factors that have influenced them. The workshop committee was asked to explore history and trends related to fertility, proximate determinants and other influences, the status and impact of family planning programs, and prospects for further reducing fertility rates. This study will help donors, researchers, and policy makers better understand the factors that may explain the slow pace of fertility decline in this region, and develop methods to improve family planning in sub-Saharan Africa.

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