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1 Introduction au problème de lâinégalité femmes-hommes dans les domaines des STEMM aux Ãtats-Unis8 Ces dernières années, le nombre de femmes obtenant des diplômes dans les domaines des sciences, de lâingénierie, de la technologie, des mathématiques et de la médecine (STEMM) a augmenté par rapport aux hommes. Par exemple, entre 2004 et 2014, 2 924 660 femmes ont obtenu une licence en sciences et en ingénierie, contre 2 890 904 hommes. Malgré cette augmentation, les femmes â en particulier les femmes de couleur â sont sous-représentées par rapport à leur présence dans la population active et dans la population américaine (voir les graphiques 1-1 et 1-2) (NSF, 2017). Les disparités de représentation varient selon la discipline et le domaine (voir le graphique 1-3), mais même dans les professions où la parité est atteinte et où les femmes sont surreprésentées, comme câest le cas dans certaines sous-disciplines de la biologie et de la médecine, les postes à responsabilité sont toujours majoritairement occupés par des hommes (voir le graphique 1-4). En théorie, cette sous-représentation des femmes aux postes de direction devrait sâatténuer avec le temps, à mesure que le nombre de femmes diplômées 8âCe chapitre sâappuie sur lâimportante contribution du Comité chargé de comprendre et de lutter contre la sous-représentation des femmes dans certaines disciplines des sciences et de lâingénierie.
32 PRATIQUES PROMETTEUSES et entrant dans la vie active augmente, mais les tendances enregistrées ces dernières années indiquent que le temps ne suffit pas à combler les écarts existants. En médecine, par exemple, sur ces vingt-cinq dernières années, les femmes représentent au moins 40 % des étudiants en médecine aux Ãtats-Unis, mais en 2018, elles ne représentaient que 18 % des directeurs dâhôpitaux et 16 % des doyens et directeurs de département des écoles de médecine (Bickel, 2004 ; Holman et al., 2018 ; Mangurian et al., 2018). Sur la base dâune analyse menée sur quinze ans et de publications rédigées par 36 millions dâauteurs de plus de 100 pays, dans plus de 6 000 revues, Holman et al. (2018) ont prédit quâen lâabsence de réformes dans lâéducation et la publication, les inégalités entre les sexes dans certaines filières des STEMM pourraient encore perdurer pendant des années (Holman et al., 2018). GRAPHIQUE 1-1 Pourcentages dâhommes et de femmes par groupe professionnel. SOURCE : U.S. Census Bureau, 2012-2016 American Community Survey (ACS) 5-Year Estimates, disponible à lâadresse https:/ / www.census.gov/ content/ dam/ Census/ library/ working-papers / 2019/ demo/ sehsd-wp2018-27.pdf.
1. Introduction au problème de lâinégalité femmes-hommes 33 dans les domaines des STEMM aux Ãtats-Unis GRAPHIQUE 1-2 Pourcentage de femmes dans les professions scientifiques et en ingénierie, au minimum titulaires dâune licence, par discipline. SOURCE : National Science Foundation. GRAPHIQUE 1-3 Pourcentage de femmes dans les professions scientifiques et dâingénierie, au minimum titulaires dâune licence, par discipline. SOURCE : National Science Foundation.
34 PRATIQUES PROMETTEUSES Les inégalités femmes-hommes qui caractérisent la plupart des domaines des STEMM aux Ãtats-Unis depuis 50 ans méritent quâon sây attarde car ces inégalités entraînent des coûts visibles et des opportunités ratées pour la communauté scientifique nationale. De multiples branches des STEMM bénéficient manifestement de lâégalité femmes-hommes. à titre dâexemple, en utilisant lâanalyse des citations pour évaluer lâimpact, Smith-Doerr et al. (2017) ont démontré que les équipes de recherche qui comprenaient des hommes et des femmes produisent des articles scientifiques plus influents que les équipes qui ne comportent que des hommes, mais également que les équipes plus diversifiées parviennent à trouver des solutions plus innovantes (DÃaz-GarcÃa et al., 2012 ; Page, 2019 ; Smith-Doerr et al., 2017). La qualité de lâexamen par les pairs (Murray et al., 2018) et la productivité de la science collaborative augmentent également avec la diversité des sexes (Woolley et al., 2010). En outre, dans le classement des programmes de doctorat établi par le Conseil national de la recherche en 2011, la diversité des sexes est positivement associée au rang (tout comme la diversité raciale) (Henderson et Herring, 2013). Les stéréotypes sexistes ancrés qui expliquent les inégalités par des différences biologiques innées en termes dâaptitude ou de capacité ne sont pas renforcés par une abondance de preuves (Barres, 2006 ; Bian et al., 2017b). Au contraire, aucune différence biologique significative nâa été trouvée entre les performances des hommes et des femmes en sciences et en mathématiques qui puisse expliquer la moindre représentation des femmes dans ces domaines (NASEM, 2007 ; Riegle-Crumb et al., 2012). La plupart des preuves indiquent plutôt que la sous-représentation des femmes dans les STEMM â y compris aux niveaux des instances dirigeantes â est due à un large éventail de modèles structurels, culturels et institutionnels nourris de préjugés, de discrimination et dâiniquité qui ne nuisent pas aux hommes dotés de compétences et dâune formation comparables (Cortina et al., 2013 ; Milkman et al., 2015 ; Moss- Racusin et al., 2012 ; Rodrigues, In Review).
1. Introduction au problème de lâinégalité femmes-hommes 35 dans les domaines des STEMM aux Ãtats-Unis GRAPHIQUE 1-4 Inégalités en termes de représentation entre les hommes et les femmes dans les disciplines STEMM. Par rapport aux hommes, les femmes sont sous-représentées à toutes les étapes de leur carrière (licence, doctorat, postdoctorat et enseignement universitaire) dans presque toutes les disciplines des STEMM. Le nombre de femmes est supérieur à la parité au niveau de la licence et du doctorat en sciences biologiques, mais est inférieur aux niveaux plus avancés. La ligne en pointillé indique la parité. Données issues dâenquêtes menées par la National Science Foundation (2016-2017). SOURCE : Fondation nationale des sciences. La sous-représentation des femmes dans les STEMM partage de nombreuses caractéristiques avec la sous-représentation dâautres groupes dans les STEMM, notamment les hommes de couleur, les personnes LGBTQIA, les personnes handicapées, les étudiants universitaires de « première génération » et les personnes en difficulté socio-économique, en ce sens que la culture et la structure actuelles des STEMM désavantagent systématiquement les membres de ces groupes par rapport aux hommes blancs et asiatiques-américains (Cuddy et al, 2007 ; Dixon et Rosenbaum, 2004 ; Dovidio et al., 1986 ; Fazio et al., 1995 ; Fiske, 2010 ; Fiske et al., 2002 ; Gaertner et McLaughlin, 1983 ; Kay et Jost, 2003 ; NSF, 2018). Nonobstant les arguments moraux, éthiques et dâéquité en faveur dâune participation équitable aux STEMM, le manque de diversité dans de nombreux domaines des STEMM a des conséquences sur
36 PRATIQUES PROMETTEUSES la productivité et la pérennité de lâentreprise. Plus précisément, il existe une pénurie nationale de professionnels des STEMM dans certaines disciplines (par exemple, lâinformatique)9 qui ne peut pas être résolue en continuant à compter sur les contributions des groupes qui sont actuellement surreprésentés dans la main-dâÅuvre des STEMM (câest-à -dire les hommes blancs et les hommes dâorigine asiatique) (voir le graphique 1-3) (PCAST, 2012). En ce qui concerne lâidentification des changements institutionnels susceptibles dâinverser les tendances bien ancrées de la sous-représentation des femmes dans les domaines des STEMM, il est possible de tirer des enseignements de lâexamen des politiques et des pratiques mises en Åuvre par les établissements qui ont réussi à réduire les inégalités femmes-hommes. Le Harvey Mudd College de Claremont, en Californie, et la Carnegie Mellon University de Pittsburgh, en Pennsylvanie, en sont deux exemples précurseurs : pour contrer la tendance constatée du nombre de plus en plus faible de femmes obtenant une licence en informatique, ces écoles ont considérablement augmenté le nombre de femmes diplômées dans ce domaine (Fisher et al., 1997). Au Harvey Mudd College, en 2016, la moitié des étudiants titulaires dâun diplôme de premier cycle en informatique, ingénierie et physique étaient des femmes, contre 18 % des diplômés en informatique à lâéchelle nationale (Weisul, 2017). De même, la même année, près de 50 % des étudiants qui intègrent la School of Computer Science et du College of Engineering de lâUniversité Carnegie Mellon étaient des femmes (CMU, 2016) (voir encadré 1-1). 9âLa pénurie de main-dâÅuvre dans les domaines des STEMM sâobserve dans certaines dis- ciplines et pas dans dâautres, et évolue avec le temps. En général, le secteur universitaire est suralimenté, mais il y a des pénuries de main-dâÅuvre dans le gouvernement et dans le secteur privé dans certaines disciplines et sous-disciplines (par exemple, la cybersécurité), disponible à lâadresse : https:/ / www.bls. gov/ opub/ mlr/ 2015/ article/ stem-crisis-or- stem-surplus-yes-and-yes.htm.
1. Introduction au problème de lâinégalité femmes-hommes 37 dans les domaines des STEMM aux Ãtats-Unis ENCADRà 1-1 Histoires de réussites en sciences informatiques et en ingénierie Vous trouverez ci-dessous quelques exemples dâétablissements qui ont réussi à diplômer des femmes dans des domaines où elles sont traditionnellement sous-représentées en prenant en compte le contexte et les besoins de leurs établissements : ⢠le Harvey Mudd College a diplômé plus de 50 % de femmes en informatique dans sa promotion de 2018 en retravaillant le cours dâintroduction à lâinformatique ; une initiative motivée par les retours reçus au sein de lâuniversité. Après avoir observé que de nombreux hommes dans le cours dâintroduction à lâinformatique avaient grandi en programmant, et étaient donc mieux préparés au matériel dâintroduction que la plupart des femmes, lâuniversité a développé un deuxième cours dâintroduction spécifiquement conçu pour les étudiants sans expérience préalable dans la programmation informatique. Les professeurs ont également travaillé délibérément pour contrer le stéréotype selon lequel les informaticiens travaillent de manière isolée en mettant en place des projets de groupes ; ⢠à lâUniversité Carnegie Mellon, des efforts ciblés pour recruter des femmes ont permis de faire passer la représentation de 7 % à 42 % en cinq ans, de 1995 à 2000. La modification des critères dâadmission pour éviter de privilégier une expérience approfondie en informatique au niveau du lycée sâest révélée efficace. Dans lâensemble, le recrutement direct axé sur lâadmission dâun plus grand nombre de femmes, les programmes de transition entre le lycée et les études de premier cycle et les politiques dâintégration ont permis dâaméliorer la représentation des femmes en informatique.
38 PRATIQUES PROMETTEUSES ENCADRà 1-2 Exemple : Programme STRIDE de lâUniversité du Michigan : renforcer les pratiques de recrutement et dâembauche pour accroître la diversité Le comité de lâUniversité du Michigan sur les stratégies et tactiques de recrutement pour améliorer la diversité et lâexcellence (STRIDE) a été créé sous les auspices de la subvention ADVANCE de la National Science Foundation de lâuniversité en 2002. Le programme promeut les meilleures pratiques pour les comités de recherche en sciences et en ingénierie, et dans dâautres domaines, afin de faciliter le recrutement et le maintien des femmes et dâautres groupes sous- représentés au sein du corps professoral. Le comité STRIDE est composé dâun groupe diversifié de professeurs qui sont en mesure de conseiller « les individus et les départements sur les pratiques de recrutement visant à accroître à la fois la diversité et lâexcellence du corps professoral par le biais de présentations, de conseils détaillés et ciblés, ou de discussions ciblées selon les besoins » (Université du Michigan, 2019). Le comité STRIDE promeut les meilleures pratiques pour renforcer le recrutement et le maintien dâun corps professoral diversifié, qui pourraient être transposées à dâautres contextes (Université du Michigan, 2019). Il sâagit notamment de : 1. construire un comité de recherche efficace, notamment en exigeant et en récompensant un engagement de haut niveau envers la diversité et lâexcellence ; 2. développer activement un bassin diversifié de candidats, notamment en favorisant les liens avec des établissements qui forment des étudiants issus de divers horizons et en se connectant à des organisations professionnelles qui soutiennent les groupes sous-représentés dans le domaine ; 3. définir le domaine disciplinaire de la recherche aussi largement que possible ; 4. demander aux candidats les informations dont ils ont besoin, notamment en sâassurant que tous les candidats connaissent les critères sur lesquels
1. Introduction au problème de lâinégalité femmes-hommes 39 dans les domaines des STEMM aux Ãtats-Unis ils sont évalués et en fournissant des instructions claires sur le processus de candidature ; 5. accomplir des efforts soutenus et conscients pour contrer les préjugés potentiels en matière dâévaluation, notamment en sâassurant que tous les membres du comité de recherche et les professeurs du département ont une compréhension claire et partagée des critères ; 6. offrir un environnement accueillant pendant lâentretien, y compris en essayant dâéviter le « tokénisme » parmi les candidats en interviewant plus dâune femme/ un candidat appartenant à une minorité ; 7. encourager les situations qui permettront de voir les candidats sous leur meilleur jour, notamment en fournissant des informations complètes sur la visite bien à lâavance ; 8. sâassurer que tous les candidats sont au courant du soutien à la double carrière et des politiques favorables à la famille ; 9. gérer le processus de prise de décision, notamment en ne tenant compte que des critères pertinents pour le poste lors de lâévaluation des candidats ; 10. recruter le candidat sélectionné, notamment en lui fournissant des informations détaillées pour sâassurer que le processus de négociation est positif et efficace pour tous les candidats. Le programme a fait état de progrès dans le recrutement de femmes dans les trois établissements dâenseignement supérieur qui emploient le plus grand nombre de scientifiques et dâingénieurs à lâuniversité (ingénierie, littérature, sciences et arts, et médecine). Plus précisément, par rapport à lâensemble des recrutements de scientifiques et dâingénieurs en voie de titularisation, 14 % de tous les nouveaux recrutements étaient des femmes en 2001 et 2002 (les années « pré-ADVANCE »), contre 34 % en 2003-2006 (une augmentation significative sur le plan statistique). Le programme indique également quâavant le programme ADVANCE, la représentation moyenne des femmes dans le groupe de candidats du département de chimie (de 1998-1999 à 2002-2003) était de 10 %. Après le programme, la représentation moyenne des femmes dans le groupe de candidats est passée à 18 % (Université du Michigan, 2019).
40 PRATIQUES PROMETTEUSES De même, à lâUniversité du Michigan à Ann Arbor, un soutien institutionnel durable a été apporté à une série dâinterventions développées dans le cadre du programme ADVANCE3 de la National Science Foundation10. Le programme a permis dâaugmenter le pourcentage de femmes embauchées (par rapport à lâensemble des nouveaux professeurs embauchés) de 13 % en 2003 à 31 % en 2016 (voir encadré 1-2). Les exemples de réussite dans des universités où la recherche occupe une place prépondérante comme à Carnegie Mellon, Harvey Mudd et à lâUniversité du Michigan offrent de précieuses leçons. Cependant, force est de constater que la grande majorité des étudiants et étudiantes aux Ãtats-Unis sont des étudiants « post-traditionnels »11 poursuivant des études dans dâautres types dâétablissements. Les étudiants « post-traditionnels » ont tendance à être plus âgés, à vivre hors du campus, à avoir des enfants et un emploi, et à obtenir leur diplôme sur une plus longue période. Seuls 26 % des étudiants actuels correspondent au profil dit « traditionnel » de lâétudiant qui sâinscrit à temps plein dans un établissement dâenseignement supérieur au semestre suivant lâobtention de son diplôme dâétudes secondaires, vit sur le campus, nâa pas dâemploi pendant ses études et obtient un diplôme de Bachelor en 4 ans (Brown, 2017) (voir lâencadré 1-3 pour une discussion supplémentaire sur les étudiants « post-traditionnels »). 10âLe programme ADVANCE de la NSF accorde des subventions pour améliorer les fac- teurs systémiques qui favorisent lâéquité et lâinclusion et pour atténuer les facteurs sys- témiques qui créent des inégalités dans la profession et les lieux de travail universitaires. Lâobjectif de ce programme est dâélargir la mise en Åuvre de stratégies de changement systémique fondées sur des données empiriques qui favorisent lâéquité pour les profes- seurs de STEM dans les lieux de travail universitaires et les professions universitaires. 11âLe ministère de lâÃducation des Ãtats-Unis utilise le terme « non traditionnel » pour désigner ces étudiants. Cependant, ce comité préfère le terme « post-traditionnel » pour signaler la valeur que ces étudiants apportent à leurs collègues.
1. Introduction au problème de lâinégalité femmes-hommes 41 dans les domaines des STEMM aux Ãtats-Unis ENCADRà 1-3 Efforts déployés par les établissements dâenseignement supérieur publics pour accroître la représentation des femmes dans les STEMM Vous trouverez ci-dessous des exemples choisis de certains efforts innovants déployés par les établissements dâenseignement supérieur publics pour contribuer à la progression des femmes dans les domaines des STEMM. Le programme CalWomen Tech Project a été conçu pour recruter et retenir les femmes dans les STEMM dans les collèges communautaires en se concentrant sur la sensibilisation, les politiques de recrutement, le développement de compétences et lâamélioration de la culture qui règne dans les salles de classe pour promouvoir la participation des femmes. Le programme a été mis en Åuvre dans huit collèges communautaires de Californie et était axé sur le concept selon lequel la plupart des membres du corps enseignant et des employeurs sont désireux de recruter et de retenir les femmes dans les STEMM. Le projet a donné des résultats probants, dans la mesure où quatre établissements ont considérablement augmenté le taux de rétention des étudiantes. Deux établissements qui participent au projet CalWomen Tech ont enregistré de fortes augmentations des taux de réussite des femmes au début du projet. Au Evergreen Valley College, le taux de réussite des femmes est passé de 73 % à 100 % en 9 mois. Au San Diego Mesa College, le taux de réussite est passé de 81 % à 100 % en un an. (CalWomen Tech Project, 2019). Le Mathematics, Engineering, Science Achievement Community College Program a été créé en 1993 et intègre des étudiants de 36 établissements dâenseignement supérieur publics de Californie en se concentrant sur lâaugmentation du nombre dâétudiants désavantagés sur le plan scolaire dans les STEMM. Le programme se concentre sur le soutien aux étudiants des collèges communautaires tout au long de leur parcours, de lâinscription jusquâà leur transfert réussi dans un établissement de 4 ans. Plusieurs éléments clés du programme permettent de surmonter les obstacles importants auxquels sont confrontées les femmes dans les STEMM dans les établissements dâenseignement supérieur publics. Bien que le programme ait permis dâinscrire moins de 1 % de lâensemble
42 PRATIQUES PROMETTEUSES de la population dans ces établissements en Californie, en 2010, il a produit 8 % de tous les étudiants californiens transférés dans les STEMM. Plus de 553 étudiants, dont plus de 200 femmes, ont été transférés vers lâuniversité dâÃtat de Californie ou le système universitaire de Californie au cours de cette période, et 40 % des étudiants participants étaient des femmes (AAUW, 2013). Les établissements dâenseignement supérieur publics sont souvent bien préparés à répondre aux besoins des étudiants « post-traditionnels » (NASEM, 2016) et beaucoup jouent un rôle actif dans lâaugmentation du nombre de femmes dans les STEMM. Les femmes constituent la majorité des étudiants des collèges communautaires (56 %) (Horn et al., 2006) et des recherches ont montré que les collèges communautaires peuvent être un bon terrain dâentraînement pour les femmes désireuses de se lancer dans les STEMM (AAUW, 2013). En outre, les minorités raciales et ethniques sont plus susceptibles dâêtre inscrites dans les établissements dâenseignement supérieur publics que dans les établissements délivrant des diplômes de licence (Horn et al., 2006 ; NASEM, 2016). Cela est particulièrement vrai pour les étudiants hispaniques. En 2016, près de la moitié des étudiants hispaniques étaient inscrits dans un établissement dâenseignement supérieur public, contre 30  % des étudiants blancs (Pew Research Center, 2016). Par conséquent, les établissements dâenseignement supérieur publics constituent une voie essentielle pour faire progresser les femmes, en particulier les femmes de couleur, dans les STEMM. Voir lâencadré 1-3 pour plusieurs exemples dâefforts déployés par ces établissements pour accroître la représentation des femmes dans les STEMM. Outre les établissements dâenseignement supérieur publics, les établissements qui Åuvrent en faveur des minorités (Minority Serving Institutions ou « MSI »), qui ont les ensembles dâétudiants les plus diversifiés de la nation, constituent un autre groupe dâétablissements bien équipés pour préparer les étudiants « post-traditionnels » à des carrières dans les STEMM (NASEM, 2019a). Le rapport 2019 des National Academies sur les MSI a révélé quâun pourcentage légèrement plus élevé dâétudiants de premier cycle est inscrit dans des domaines STEM dans les MSI délivrant des diplômes en 4 ans que dans dâautres établissements délivrant des diplômes en 4 ans (NASEM, 2019a). Les
1. Introduction au problème de lâinégalité femmes-hommes 43 dans les domaines des STEMM aux Ãtats-Unis établissements dâenseignement supérieur historiquement noirs (HBCU) sont réputés produire un grand nombre de scientifiques afro-américains (NASEM, 2019a), dont beaucoup sont des femmes. Entre 1995 et 2004, 46 % des femmes noires diplômées en STEM ont reçu leur diplôme dâune HBCU (Arroyo, 2009). En outre, parmi les étudiantes noires qui ont obtenu un doctorat en sciences et en ingénierie, plus de 30 % ont commencé leurs études dans une HBCU (Arroyo, 2009). Ces institutions sont particulièrement bien préparées pour éduquer et préparer une main-dâÅuvre diversifiée dans le domaine des STEMM (voir lâencadré 1-4 pour plusieurs exemples de HBCU et lâencadré 1-5 pour obtenir dâautres exemples). ENCADRà 1-4 Les femmes dans les STEMM dans les établissements historiquement noirs Les « Historically Black Colleges » ont joué un rôle important dans lâaugmentation du nombre de minorités sous-représentées dans les STEMM et il existe plusieurs exemples où les HBCU ont également réussi à augmenter le nombre de femmes dans ces domaines. Voici quelques exemples choisis : ⢠lâUniversité Dillard, une HBCU située à la Nouvelle-Orléans, en Louisiane, se targue dâavoir le deuxième plus grand nombre dâétudiantes afro-américaines en physique du pays. Elle envoie également un grand nombre de ses étudiants en physique dans des écoles supérieures. Le programme de physique et de préparation à lâingénierie de lâuniversité est le principal responsable de cette réussite. Grâce à ce programme, les étudiants acquièrent une expérience pratique en travaillant étroitement avec les professeurs sur des projets concrets, en utilisant les principaux équipements de recherche et en publiant dans des revues. En outre, le programme Women in STEM High School Experience in Summer de lâUniversité Dillard est un programme dâété destiné aux lycéennes de couleur qui sâintéressent à la physique et à lâoptique, dont lâobjectif est
44 PRATIQUES PROMETTEUSES dâaugmenter le nombre de femmes afro-américaines dans les domaines des STEM (Université Dillard, 2019) ; ⢠lâUniversité dâÃtat de Jackson, une HBCU située à Jackson, dans le Mississippi, qui compte également un nombre élevé de femmes diplômées en physique, a élaboré un programme grâce au financement ADVANCE de la NSF, qui comprend un certain nombre de composantes clés, notamment des retraites dâécriture estivales pour les femmes, des programmes de mentorat, de la visibilité grâce à des voyages internationaux dans dâautres établissements internationaux, des congés sabbatiques de leadership pour les femmes plus âgées, des initiatives dâéducation aux préjugés et des examens de politiques (NRC, 2013). Lâinitiative menée par lâuniversité en matière de sensibilisation aux préjugés a été conçue pour aider les femmes de couleur à relever les défis de lâéquilibre des responsabilités et des attentes dans le contexte des préjugés inconscients (CNRC, 2013) ; ⢠lâUniversité Xavier de Louisiane, qui compte également des taux élevés de femmes en physique, a récemment reçu une subvention de la NSF pour développer une approche systématique visant à accroître la participation et lâavancement des femmes dans les carrières universitaires des STEMM, dans le but spécifique de soutenir lâembauche, le maintien et la réussite professionnelle finale des femmes de couleur dans le corps professoral des STEMM. Le financement principal de la subvention est destiné à soutenir un boursier de la diversité, qui aura la responsabilité générale de travailler avec les instances dirigeantes du campus pour créer des politiques et des procédures durables qui soutiennent les processus dâembauche, les pratiques de rétention et la compétence culturelle pour les femmes dans les STEMM (Xavier University of Louisiana, 2018).
1. Introduction au problème de lâinégalité femmes-hommes 45 dans les domaines des STEMM aux Ãtats-Unis ENCADRà 1-5 Programme Meyerhoff Scholars de lâUniversité du Maryland Depuis 30 ans, le programme Meyerhoff Scholars de lâUniversité du Maryland a réussi à faire progresser les minorités dans les domaines des STEMM, y compris les femmes. Le programme implique un processus de candidature basé sur les nominations, ouvert aux futurs étudiants de premier cycle de toutes origines qui prévoient de poursuivre des études doctorales dans les STEMM, et inscrit environ 50 nouveaux étudiants chaque année. Il se concentre sur 13 éléments clés : ⢠recrutement ; ⢠aide financière ; ⢠programme de transition dâété ; ⢠accent mis sur les doctorats fondés sur la recherche ; ⢠groupes dâétude ; ⢠une forte communauté dâétudiants ; ⢠conseils personnels et orientation ; ⢠utorat ; ⢠stages de recherche dâété ; ⢠mentors ; ⢠participation des professeurs ; ⢠participation de lâadministration et soutien du public ; ⢠participation des familles.
46 PRATIQUES PROMETTEUSES à ce jour, 312 boursiers du programme Myerhoff ont obtenu un doctorat, 59 ont obtenu un diplôme ou un doctorat en médecine, 141 ont obtenu un diplôme de chirurgien-dentiste et 40 occupent désormais un poste de titulaire ou sont en cours de titularisation. En outre, 265 étudiants ont obtenu un master dans un domaine des STEMM et 258 autres sont actuellement inscrits dans des écoles supérieures ou professionnelles (UMBC, 2019). Bien quâil y ait peu de données examinant spécifiquement les résultats des femmes dans le programme par rapport aux étudiants du groupe témoin, les femmes étaient plus susceptibles de rester dans les STEMM et avaient des moyennes significativement plus élevées que les groupes témoins (Summers et Hrabowski, 2006). SOURCE : Summers et Hrabowski, 2006.
1. Introduction au problème de lâinégalité femmes-hommes 47 dans les domaines des STEMM aux Ãtats-Unis Les programmes qui soutiennent les étudiants lors de leur transition dâun MSI vers un établissement où les étudiants sont majoritairement blancs, où ils font souvent lâexpérience dâun changement significatif en termes de diversité et de culture, sont essentiels pour améliorer le maintien dans les STEMM (Ong et al., 2011). Le Fisk-Vanderbilt Masterâs to Ph.D. Bridge Program (FVBP) est un exemple de programme de transition intentionnel entre un MSI et un établissement à prédominance blanche. Le FVBP est actuellement « en passe de devenir le premier producteur national de doctorants issus de minorités sous- représentées en physique, en astronomie et en science des matériaux » (Stassun et al., 2011) et est actuellement en tête du pays pour le nombre de masters en physique délivrés à des Afro-Américains. En 2011, le nombre de doctorats décernés à des minorités sous-représentées par le biais du FVBP était dâun ordre de grandeur supérieur à la moyenne américaine par un facteur de 10 en astronomie, 9 en science des matériaux, 5 en physique et 2 en biologie (Stassun et al., 2011). Ãtant donné que dans toutes les disciplines des STEMM, la promotion des femmes à des postes de direction demeure une problématique, certains établissements prennent des mesures pour sâattaquer explicitement à ce problème particulier de sous-représentation. Par exemple, en médecine, un programme de parrainage intentionnel au MD Anderson Cancer Center de lâUniversité du Texas a permis dâaméliorer la diversité des cadres supérieurs. En 2007, lorsque le programme a été lancé, 33 % du corps professoral et 14 % des chefs de service étaient des femmes. En 2017, 39 % du corps professoral et 29 % des chefs de service étaient des femmes (Travis et Dmitrovsky, 2017) (voir également lâencadré 1-6). Dans ce rapport, le comité présente un examen des travaux dâérudition et des pratiques qui ont sous-tendu les réalisations des établissements qui ont réussi à réduire les inégalités femmes-hommes. Cet examen nous a également permis de définir les lacunes en matière de connaissances, notamment en ce qui concerne lâidentification de pratiques spécifiques susceptibles dâaméliorer le recrutement, le maintien et lâavancement des femmes de couleur et des femmes dâautres identités intersectionnelles. On constate largement que les interventions conçues pour augmenter la représentation des femmes dans les STEMM profitent considérablement aux femmes blanches par rapport aux femmes de couleur (Ong et al., 2011). Par conséquent, le comité sâest également attaché à déterminer dans quelle mesure les limites de lâensemble des études disponibles
48 PRATIQUES PROMETTEUSES axées sur les femmes de couleur dans les STEMM entravent lâélaboration et lâadoption dâinterventions propices à la participation pleine et équitable des femmes de couleur et des femmes dâautres identités intersectionnelles dans les STEMM. Le comité a également comparé lâefficacité des interventions dans les différentes disciplines des sciences, de lâingénierie, de la médecine et des mathématiques et tout au long des cycles de carrière des femmes dans les STEMM afin de déterminer si le succès de certains programmes et pratiques dépend du contexte. En présentant un aperçu de la recherche sur les pratiques les plus efficaces et prometteuses et en identifiant les facteurs contribuant au succès des programmes innovants, notre objectif est de fournir des conseils aux établissements sur la manière dâadopter ces stratégies et pratiques et de les adapter à leurs contextes institutionnels uniques. Le fait quâil existe des exemples de changements systémiques réussis permettant dâatteindre lâéquité entre les sexes dans les domaines des STEMM dans une variété dâinstitutions qui diffèrent par leur taille, leur composition, leur mission et leur situation géographique suggère quâun changement positif plus large dans la représentation des femmes dans les STEMM est un objectif réalisable. APPROCHE DE LâÃTUDE Mission Pour mener à bien cette étude, les National Academies ont constitué un comité composé de scientifiques en exercice, de dirigeants et dirigeantes, de spécialistes des questions sur les femmes, dâautorités et dâassociations en faveur de la défense de lâéquité, de la diversité et de lâinclusion dans les STEMM, afin de répondre à la mission affichée (voir encadré 1-7).
1. Introduction au problème de lâinégalité femmes-hommes 49 dans les domaines des STEMM aux Ãtats-Unis ENCADRà 1-6 Programme de parrainage des leaders du MD Anderson Cancer Center : améliorer la représentation des femmes et des minorités en médecine universitaire Ces dernières années, le secteur privé a adopté le parrainage comme mécanisme pour accroître la représentation des femmes et des minorités aux rôles de direction. Plus récemment, les programmes de médecine universitaire ont constaté que lâintégration dâun programme de parrainage était efficace pour accroître la diversité aux postes de direction. Les programmes de parrainage visent à améliorer la visibilité, la crédibilité et les réseaux professionnels de personnes talentueuses. « Un parrain doit avoir une influence organisationnelle significative et une capacité et une volonté de défendre les autres en ce qui concerne les affectations concurrentielles, les opportunités de leadership et la participation à des comités de haut niveau » (Gottlieb et Travis, 2018). Le programme de parrainage des leaders du MD Anderson Cancer Center, créé en 2016, est une initiative de parrainage de 6 mois conçue pour développer un groupe diversifié de professeurs associés et de professeurs qui cherchent à occuper des postes de direction au sein de lâétablissement. Bien que tous les professeurs soient éligibles pour le programme, un des objectifs annoncés est dâidentifier des candidats parmi les femmes et les minorités du corps professoral. Nommés par leurs chefs de division et les instances dirigeantes du sénat de la faculté, les participants suivent le directeur des études afin dâacquérir une expérience directe de direction des universités. Les candidatures sont associées à des parrains en fonction des intérêts des candidats, et les responsables du programme interrogent les protégés et les parrains dans lâannée qui suit la fin du programme, puis chaque année, afin de suivre leurs progrès dans lâobtention de rôles de direction officiels (Travis et Dmitrovksy, 2017). Les mesures de réussite du programme comprennent lâachèvement du projet de leadership des protégés et lâaugmentation de la diversité aux postes de direction de lâétablissement. Les responsables du programme au sein de lâétablissement ont également élaboré et mis en Åuvre un atelier annuel de parrainage organisé entre les 15 composantes du système de lâUniversité du Texas afin dâaccroître le leadership féminin dans lâensemble du système (Travis et Dmitrovksy, 2017).
50 PRATIQUES PROMETTEUSES Les approches formelles et informelles de mise en Åuvre des programmes de parrainage peuvent sâappliquer dans dâautres milieux universitaires. Travis et Dmitrovsky (2017) notent que « le parrainage peut être aussi simple que des leaders actuels travaillant à augmenter la visibilité des futurs leaders ou peut suivre une approche plus complète. (â¦) Il nécessite un effort et un soutien dédiés de la part de tous les niveaux de leadership, le tout dans le but de sâassurer que personne nâest oublié au sein de la prochaine génération de leaders potentiels. » ENCADRà 1-7 Mission Les communautés scientifiques, dâingénierie et médicales travaillent depuis des décennies à une meilleure représentation des femmes dans les STEMM. Bien que des progrès aient été réalisés, les femmes (en particulier les femmes de couleur) restent sous-représentées dans de nombreux domaines des sciences, de lâingénierie et de la médecine, et ce à de nombreux niveaux de leur formation et leur carrière. Cette étude cherchera à comprendre les obstacles institutionnels à la mise en Åuvre de pratiques visant à améliorer la représentation des femmes dans les STEMM, afin que ces obstacles puissent être supprimés ou surmontés. Il convient de noter que lâétude ne fera pas peser la responsabilité sur les femmes, mais quâelle visera plutôt à aider les établissements à comprendre comment éliminer les obstacles qui existent en raison de structures institutionnelles dépassées. Une énergie considérable sera investie dans lâexamen des preuves à lâappui des politiques, pratiques et stratégies les plus réussies qui ont démontré leur efficacité pour ouvrir les portes à la participation et à la réussite des femmes dans les domaines des STEMM. Un comité ad hoc entreprendra les activités suivantes : ⢠un examen comparatif de la recherche sur les raisons pour lesquelles les femmes sont plus sous-représentées dans certaines disciplines
1. Introduction au problème de lâinégalité femmes-hommes 51 dans les domaines des STEMM aux Ãtats-Unis des STEMM que dans dâautres, avec un accent particulier mis sur lâinformatique, lâingénierie, la physique, les mathématiques, la médecine, la chimie et la biologie ; ⢠un examen, une analyse et une synthèse de la recherche existante sur les politiques, les pratiques, les programmes et dâautres interventions visant à améliorer le recrutement, le maintien et lâavancement soutenu dans des rôles de direction des femmes dans ces disciplines et à différentes étapes de leur carrière ; ⢠une exploration des raisons pour lesquelles les interventions efficaces nâont pas été étendues ou adoptées par un plus grand nombre dâétablissements ; ⢠lâélaboration de recommandations pour la mise en Åuvre de politiques et de pratiques prometteuses afin dâaméliorer à la fois la représentation et le leadership des femmes dans des disciplines spécifiques des STEMM. Lâétude mettra également lâaccent sur lâintersection de la race et du genre en tenant compte de la recherche accumulée sur les obstacles spécifiques rencontrés par les femmes de couleur dans les STEMM en plus de la recherche sur les politiques et les pratiques qui ont eu un impact sur leur représentation. Le comité produira un rapport consensuel contenant des conclusions et des recommandations. Elle pourra également organiser un atelier pour recueillir des informations et un autre pour diffuser les conclusions du rapport, chacun de ces événements pouvant donner lieu à un compte rendu dâatelier rédigé par le rapporteur. Approche En réponse à cette mission, le comité a élaboré une série de conclusions et de recommandations fondées sur les preuves disponibles. Ces conclusions et recommandations sâappuient sur deux analyses documentaires approfondies commanditées, sur une série de groupes de discussions, sur des présentations de recherche, ainsi que sur lâexpertise et lâexpérience propres du comité. Le premier rapport commandité, rédigé par les docteures Michelle Rodrigues et
52 PRATIQUES PROMETTEUSES Kathryn Clancy, portait sur un examen comparatif de la recherche sur les raisons pour lesquelles les femmes sont davantage sous-représentées dans certaines disciplines des STEMM que dans dâautres. Le deuxième rapport, commandité par les Drs Evava Pietri, Leslie Ashburn-Nardo, Corinne Moss-Racusin et Jojanneke van der Toorn, portait sur les interventions visant à améliorer le recrutement, le maintien et la promotion des femmes dans les STEMM. Enfin, pour aider à atteindre le troisième objectif de la mission, les National Academies ont commandité une série de groupes de discussions, menés par Tasseli McKay et le Dr Christine Lindquist de RTI International. Ces groupes de discussions ont examiné les raisons pour lesquelles les interventions efficaces nâont pas été étendues ou adoptées à grande échelle par de nombreuses structures. Tout au long du rapport, le comité présente des données et des résultats ventilés par race et par sexe dans la mesure du possible. Malheureusement, dans de nombreux cas, les recherches menées sur les pratiques prometteuses et efficaces en matière de recrutement, de rétention et dâavancement dans lâéducation et sur le lieu de travail des STEMM ne tiennent pas compte des expériences intersectionnelles des femmes de couleur ou des femmes dâautres identités marginalisées (par exemple, les femmes LGBTQIA ou les femmes handicapées). Dans certains cas, les recherches disponibles se limitent aux expériences des femmes blanches uniquement, dans dâautres, le sexe et la race sont traités comme des variables distinctes. La plupart des recherches présentées dans ce rapport sont de nature qualitative, ce qui est approprié compte tenu du sujet dâétude, et dâune importance capitale pour comprendre les facteurs qui affectent les femmes. Cela est particulièrement vrai pour les recherches sur les femmes de couleur, étant donné que la taille des échantillons est généralement trop petite pour mener une analyse quantitative. Les données de nombreuses études évaluées par des pairs sur la sous-représentation des femmes dans les STEMM sont tirées de groupes de discussions, dâenquêtes, dâentretiens, dâétudes de cas et de méthodes similaires fréquemment utilisées dans les sciences sociales, où les résultats ne sont pas facilement traduits en chiffres (Bhattacherjee, 2012). Cette recherche respecte des normes rigoureuses en ce qui concerne le protocole et lâéchantillonnage, lâobjectivité du questionnaire ou les instruments utilisés dans le cadre de lâenquête, la protection des sujets humains et les méthodes utilisées pour la collecte et le suivi des données afin de garantir que les résultats sont aussi représentatifs de la population cible, complets et précis que possible, avec
1. Introduction au problème de lâinégalité femmes-hommes 53 dans les domaines des STEMM aux Ãtats-Unis un minimum de biais dans les réponses. Lâanalyse est également rigoureuse ; elle exige lâexplication des résultats ambigus, lâagrégation des données lorsque la taille des cellules est trop petite, et une formulation prudente des conclusions pour éviter dâaller au-delà de ce que les informations soutiennent. La collecte dâinformations qui ne permet pas dâappliquer cette méthodologie rigoureuse peut néanmoins fournir des informations importantes provenant du « terrain », pour ainsi dire, et peut donner des indications utiles sur les préoccupations, les thèmes ou les orientations ; elle est moins utile pour étayer des conclusions définitives sur une population entière. Dans son examen de la recherche, le comité décrit des distinctions uniques entre les disciplines des STEMM qui créent des obstacles et des défis différents pour les femmes dans les STEMM. Cependant, la documentation de recherche sur les pratiques prometteuses et qui sâavèrent efficaces dans les différentes disciplines des STEMM nâest pas suffisamment dense pour démontrer quelles interventions spécifiques fonctionnent dans certaines disciplines et lesquelles ne fonctionnent pas. Il y a toutefois des raisons de penser que bon nombre des interventions décrites dans le rapport pourraient être bénéfiques aux étudiants et aux professionnels dans de nombreuses disciplines et sous-disciplines propres aux STEMM, car la plupart de ces interventions ont été testées dans différentes disciplines avec des résultats similaires. En outre, chaque discipline ne constitue pas un seul et unique bloc. Le contexte universitaire, par opposition à la culture disciplinaire, peut être un moyen tout aussi utile de prédire quelles politiques et pratiques seraient efficaces dans un département ou une structure spécifique, plutôt que dâexaminer ces interventions par discipline. Plusieurs des recommandations de ce rapport encouragent les établissements à prendre des mesures pour recueillir et examiner les données démographiques, ventilées par sexe et par race/ ethnie, des étudiants, du corps enseignant et du personnel au niveau du département afin de comprendre leur propre contexte institutionnel. En examinant ces données, les départements peuvent diagnostiquer où se situent les problèmes spécifiques et utiliser ce rapport comme ressource pour mettre en Åuvre de meilleures pratiques afin de relever ces défis. Pour les lecteurs particulièrement intéressés par lâétat actuel des connaissances sur lâimpact dâinterventions spécifiques dans le contexte dâune discipline particulière, le rapport contient un tableau qui figure à lâannexe A qui
54 PRATIQUES PROMETTEUSES présente un examen approfondi des interventions qui se sont avérées efficaces pour améliorer le recrutement, le maintien et lâavancement des femmes dans les STEMM. Le tableau indique si lâintervention a été testée dans les STEMM et, le cas échéant, dans quelles disciplines. Le comité a largement limité la portée du rapport au milieu universitaire. Toutefois, le comité dâétude a examiné la recherche sur les pratiques prometteuses dans le secteur privé et a constaté que la plupart des stratégies connues sont appliquées dans le secteur privé et dans le milieu universitaire (par exemple, la rédaction dâoffres dâemploi inclusives, lâutilisation dâentretiens structurés, la sensibilisation aux préjugés), bien quâelles soient plus adaptées au secteur privé. La plupart des preuves des pratiques prometteuses et efficaces dans le secteur privé ne sont pas évaluées par des pairs, mais existent plutôt sous la forme dâétudes de cas et de ce quâon appelle la « littérature grise ». Le comité est dâavis que bon nombre des recommandations formulées dans le rapport pourraient être appliquées dans le secteur privé et quâelles devraient être utilisées comme une ressource pour les instances dirigeantes de lâindustrie, le cas échéant, étant donné que dans certains domaines des STEMM (par exemple, lâinformatique, lâingénierie), la majorité des professionnels des STEMM travaillent dans lâindustrie â dans des secteurs où les femmes blanches sont très peu représentées et où le nombre de femmes de couleur est extrêmement faible. Organisation du rapport Le comité a structuré le rapport de manière à lâaligner étroitement sur les composantes de la mission affichée. Le rapport offre une vue dâensemble des obstacles auxquels sont confrontées les femmes dans diverses disciplines des sciences, de lâingénierie et de la médecine (chapitre 2) ; il décrit les stratégies fondées sur des données empiriques qui ont un impact positif sur le recrutement, le maintien et lâavancement des femmes dans lâenseignement et les carrières dans les STEMM (chapitres 3 et 4) ; il examine les obstacles fréquemment rencontrés dans le cadre dâun changement au sein dâun établissement et les facteurs qui permettent de surmonter ces obstacles et de faciliter et soutenir ce changement (chapitre 5). Le rapport sâachève par une série de recommandations concrètes à lâattention dâun ensemble de parties prenantes sur la manière dâapporter des changements substantiels aux expériences, à la représentation et au leadership des femmes dans les STEMM (chapitre 6).